Chapitre 2 : Un jeune dragon plein d’avenir

((Après un petit moment de marche dans le silence et le paysage verdoyant, un premier village se dessine un peu plus loin. En se rapprochant, seule une brise les accueille, comme si les habitants avaient abandonné l’endroit, ce qui fait naitre une certaine inquiétude au sein de la troupe. Regardant aux alentours, rien d’étrange ne leur saute aux yeux. Finalement, c’est Spirit qui s’exprime d’un air dubitatif))
Spirit : C’est tellement calme…
Falric : Oui, trop calme. Même pour ce petit patelin. Je le connais plus actif…
((La troupe s’avance en silence vers le centre du village, mais là encore, aucun signe de vie dans les alentours… Finalement, Arthas fait quelques pas en avant en regardant vers les différentes maisons et annonce d’une forte voix))
Arthas : Salutations à tous ! Je suis Arthas, prince de Dragonia. Mes soldats et moi ne vous voulons aucun mal. S’il-vous-plait, venez ici nous parler, nous avons des questions concernant votre sécurité
L’elfe : Il n’y a personne ici…
Spirit : Ou bien… Peut-être sont-ils trop malades pour sortir ? Nous devons nous en rassurer, ils pourraient avoir besoin de notre aide
Arthas : Je vais aller voir
((D’un pas assuré, il s’approche d’une maison dont la porte est entrouverte. Il pousse cette dernière pour regarder à l’intérieur. L’obscurité y règne, tout comme le silence. En constatant cela, il serait surprenant que quelqu’un se trouve à l’intérieur, mais sait-on jamais.
Arthas se prépare à franchir le seuil, lorsque des ombres aux yeux rouges se forment devant lui. Surpris, il s’éloigne de la bâtisse en braillant un ordre à l’attention des soldats))
Arthas : Brûlez la maison, vite !
((Étonnés, personne ne daigne bouger. C’est finalement le mage elfe de Dalaran qui incante un sort de feu qu’il dirige vers la maison, dont le toit prend immédiatement feu. Les quelques créatures tentant de fuir s’arrêtent toutefois sur le pas de la porte, dévisageant les guerriers debout dans le soleil, avant de disparaitre…))
Uther : Des gens ayant perdu leur cœur, esprit et sens… Des gens corrompus par les Ténèbres… Pourquoi sont-elles à nouveau si omniprésentes… ?
L’elfe : Nous avons constaté que l’activité de l’Ombre avait regagné en importance ces derniers temps. La ‘’maladie de non-mort’’ qui se propage sur les terres semble corrompre ceux touchés, mais nous ne pouvons pas encore dire comment. Voilà pourquoi j’ai été envoyé enquêter avec vous
Arthas : Remercions nos épées, la Lumière, et le feu de maitre Aethas
Uther : Nous n’avons même pas encore atteint Stratholme, qui est notre destination. J’ai l’impression qu’on va en voir d’autres…
Falric : J’ai peur que vous ayez raison…
Spirit : Vous croyez que tout Stratholme est tombée ?
Uther : C’est une grande ville, c’est impossible. Du moins, je l’espère…
Aethas : Hum… La terre a l’air mourante toute autour du village… L’énergie noire atteint même la nature on dirait
Arthas : Continuons notre chemin
Aethas : J’ai bien peur que des nécromanciens soient à l’œuvre ici. Des mages qui ont tâté de la magie noire qui peut contrôler les vivants… et les morts. De toute évidence, ils sont derrière le ‘’Fléau’’ qui se développe
Arthas : Des nécromants… propageant une affection noire pour avoir plus de matière brute dans leur armée impie. Je les veux… Non, je veux leur maitre. Je veux ce bâtard qui massacre délibérément mon peuple !
Uther : Et d’après l’avertissement écrit que nous avons reçu il y a peu, il y a de fortes chances que nous le trouvions, lui et les réponses que nous cherchons, à Stratholme
Arthas : Alors en route !
Aethas : Ne devrions-nous pas avertir votre roi ?
Spirit : Oui, on peut toujours aller à Stratholme demain, non ?
Uther : Hum…
Arthas : Vu les évènements, non
Uther : Je comprends ton empressement, Arthas. Mais tu imagines si une centaine de ces choses nous tombent dessus ? Et aussi brave sois-tu, tu ne peux pas espérer vaincre seul un homme qui commande aux morts
Arthas : Alors rentrez, et rejoignez-moi demain. Pour ma part, je veux continuer
Spirit : Arthas…
Arthas : N’hésite pas à me suivre. J’y vais, avec ou sans toi
((Sur ce, le prince ainé de Dragonia se met en marche et continue sur le chemin menant au nord-est, sous le regard de ses compagnons. Finalement, Spirit se tourne vers Uther, inquiet))
Spirit : Il se sent personnellement responsable de toutes ces morts. Il pense qu’il aurait dû être capable d’empêcher tout ceci maintenant qu’il est paladin… Je vais avec lui. Rentrez informer Père de tout cela et rejoignez-nous à l’aube à Stratholme
Uther : Il ressent le poids de la couronne pour la première fois. J’ai vu votre père lutter contre les mêmes démons autrefois… Bien, faisons ainsi. Soyez prudents. S’il devait y avoir le moindre danger, rentrez immédiatement par la voie des airs
Spirit : Vous avez ma parole, Uther
((Celui-ci acquiesce avant de donner l’ordre de rentrer aux soldats et au mage de Dalaran. Toute cette troupe fait donc volte-face pour reprendre le chemin menant à Dragonia, tandis que Spirit emboite le pas à son frère…))
 
((Le lendemain arrive rapidement, et les deux princes de Dragonia attendent plus ou moins patiemment près du pont menant aux portes de Stratholme l’arrivée des renforts avant de pénétrer dans la ville. La nuit était très calme, trop calme si l’on considère la proximité avec une grande ville telle que Stratholme. Ce qui pourrait laisser supposer le pire…
Le gris cendré de l’aube va en s’assombrissant tandis que les nuages occultent le soleil. La pluie commence à tomber, glacée et cinglante. Arthas, comme Spirit, relève sa capuche, sans grand effet, et Spirit se retrouve vite grelottant sans lourde armure.
Faisant les cents pas, Arthas grommelle, tandis que Spirit l’observe avec inquiétude. Finalement, ne tenant plus, le prince ainé s’exprime, agacé et en colère))
Arthas : Bon sang, où est Uther ?! Il avait toute la nuit pour rassembler des gens
((Soudain, le bruit d’ailes battantes se fait entendre, ce qui fait se retourner les deux princes et observer le ciel))
Spirit : Ils arrivent !
((Des dragons apparaissent à l’horizon, qui viennent se poser près de Stratholme pour reprendre forme humanoïde. À la tête de la petite troupe se trouve Uther, qui les rejoint suivi des soldats. Arthas, avec un sourire amer, se tourne vers le paladin))
Arthas : Content que tu aies pu venir, Uther !
Uther : Prends garde à la façon dont tu t’adresses à moi, mon garçon. Tu es peut-être prince, mais je suis encore ton supérieur en tant que paladin !
Arthas : Comme si je pouvais l’oublier
((Les deux se dévisagent avec défiance, tandis que le silence retombe un moment dans les environs. C’est le prince qui le brise finalement, toujours sur le ton de la moquerie))
Arthas : Écoute, Uther, il y a quelque chose à propos de la maladie que tu dois savoir
((Subitement, la ville derrière eux commence à prendre feu et un rire s’élève depuis ses rues))
Spirit : Qu’est-ce que… ?
Arthas : Et voilà ! Nous sommes arrivés trop tard ! Le Fléau… Ces gens… Ces gens ont tous été transformés !
Spirit : Quoi… ?
Arthas : Ils donnent peut-être l’impression d’être en bonne santé maintenant, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne se transforment en morts-vivants !
Uther : Quoi ?! Mon garçon, tu es devenu fou ?
Spirit : Non, il a raison. Si les nécromanciens sont déjà à l’œuvre ici, il est trop tard…
Arthas : La ville doit être purgée
((Cette solution radicale exprimée sans la moindre hésitation stupéfie les autres dragons autour de lui. Choqué, Uther s’exprime à voix haute))
Uther : Comment peux-tu seulement l’envisager ? Il doit y avoir une autre solution. Ce n’est pas d’une récolte de pommes pourries que tu parles, il s’agit d’une ville pleine de dragons !
Arthas : Bon sang, Uther, nous devons le faire !
Uther : Écoute-moi ! Nous ne savons pas combien de personnes sont touchées. Nous en savons si peu, nous ne pouvons pas les massacrer comme des animaux, motivés par notre seule peur !
Arthas : J’essaie de protéger des innocents, c’est ce que j’ai juré de faire !
Uther : Ils sont innocents… Ce sont des victimes ! Ils n’ont rien demandé ! Il y a trop d’inconnues pour une solution aussi drastique !
Arthas : Et ceux qui sont transformés ? Ils vont tuer les autres, tenter de nous tuer… Et se répandre à partir d’ici et continuer à tuer. Ils vont mourir quand même, et ils se relèveront et tueront toujours… Ne préfèrerais-tu pas mourir maintenant plutôt que mourir de cette affliction ? Avoir une mort propre en tant qu’être vivant doté de raison plutôt qu’être réanimé en mort-vivant et attaquer tous ceux que tu as aimés durant ton vivant ? Nous devons purger cette ville avant qu’ils aient le temps de s’échapper !
Spirit : Nous pouvons organiser une réunion de crise, donnes-nous un jour ou deux et…
Arthas : Nous n’avons pas un jour ou deux ! Cela affecte en quelques heures, peut-être en quelques minutes pour les plus faibles. Nous devons agir maintenant, où ce sera trop tard. En tant que futur roi je vous ordonne de purger la ville !
Uther : Tu n’es pas encore roi, mon garçon ! Et même si tu l’étais, je ne t’obéirais pas !
Arthas : Alors je dois considérer ton refus comme un acte de trahison
Uther : Trahison ?! As-tu perdu l’esprit Arthas ?
Arthas : C’est ce que tu crois ? Seigneur Uther, par mon droit de succession et la souveraineté de ma couronne, je vous relève de votre commandement et relève de leur service vos paladins
Spirit : Arthas, tu ne peux pas simplement…
Arthas : C’est fait ! Ceux d’entre vous désireux de sauver ce pays, suivez-moi ! Le reste, hors de ma vue
Uther : … Tu viens de franchir une terrible limite, Arthas
((Il lui tourne alors le dos, prêt à repartir sans se retourner. Le prince ainé dévisage son frère, les yeux plissés, en attendant sa décision. Mais ce dernier détourne le regard))
Arthas : Spirit ?
Spirit : … Je suis désolé, mais je ne peux pas te regarder faire ça
((Il fait également volte-face pour rejoindre Uther. Les deux, ainsi qu’une partie des troupes, adoptent alors leur forme draconique et s’envolent pour regagner Dragonia. Arthas reste un moment debout là, à regarder les dragons s’éloigner à l’horizon, avant de sortir de cet hébétement en entendant le capitaine de la garde))
Falric : Sire, si je puis me permettre. Je… eh bien… je préférerais être découpé en mille morceaux que de me transformer tôt ou tard en un de ces morts-vivants
((Des murmures d’approbations se lèvent alors, et le cœur du prince se serre. Il saisit son marteau avant de s’exprimer avec détermination))
Arthas : Il n’y a pas de plaisir dans ce que nous faisons ici, seulement de la nécessité. Celle d’arrêter cette affection, ici et maintenant, avec le moins de pertes possibles. Ceux qui se trouvent entre ces murs sont déjà morts. Nous le savons, même si eux ne le savent pas, et nous devons les tuer rapidement et proprement avant que cette affection ne s’en charge
((Il les regarde un par un, ces dragons qui n’ont pas esquivé leur devoir))
Arthas : Ils doivent être tués, et leurs maisons rasées, afin que leurs logements ne deviennent pas un refuge pour ceux pour lesquels nous ne pouvons plus rien faire
((Les soldats hochent la tête, montrant leur compréhension, serrant leurs armes))
Arthas : Ce n’est pas une grande et glorieuse bataille. Cela va être horrible et douloureux, et je regrette de tout mon cœur la nécessité de tout ceci. Mais je sais de tout mon cœur que nous devons le faire
((Il fait face à la porte, prend une profonde inspiration, et charge, suivi de ses guerriers.
Ceux qui se sont relevés sont des cibles faciles. Ils sont l’ennemi, ne sont plus humains, mais d’infâmes caricatures de ce qu’ils ont été de leur vivant, et écraser leur crâne ou couper leur tête n’est pas une épreuve plus difficile que d’abattre une bête enragée. Les autres…
Ils lèvent leurs yeux sur les hommes armés, sur leur prince, d’abord de confusion puis de terreur. Au début, les gens ne pensent même pas à se saisir d’une arme, ils connaissaient les tabards, savaient que les hommes qui sont venus les tuer étaient censés les protéger. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils mourraient. La douleur serre le cœur d’Arthas dès le premier mort… un jeune dragon sous forme humaine, à peine sorti de la puberté, qui le fixait avec incompréhension de ses yeux bruns et prononçait les mots ‘’mon Seigneur, pourquoi est-ce…’’ avant qu’Arthas ne crie, de souffrance plus par de volonté martiale, et enfonce la cage thoracique du jeune homme avec un marteau dont il se rend compte d’un air absent, qu’il ne rayonne plus de Lumière. Peut-être que la Lumière, elle aussi, contestait l’affreuse nécessité de ses actes. Un sanglot le déchire, et il le ravale, l’étouffe, puis se tourne vers la mère du garçon.
Il pensait que ce serait plus facile. Cela ne l’était pas. C’était pire. Arthas refuse de crier. Les hommes le prenaient en exemple. S’il vacille, ils en feraient de même, et alors l’ennemi triompherait. Alors il garde son heaume, afin qu’ils ne voient pas son visage, et il tient lui-même les torches qui brûlent les bâtiments remplis de gens hurlants enfermés à l’intérieur, et il refuse de laisser l’horrible spectacle le ralentir.
C’est un soulagement lorsque certains des citoyens de Stratholme commencent à contre-attaquer. Alors l’instinct d’autodéfense prend le contrôle. Ils n’ont toujours aucune chance contre les soldats professionnels et un paladin qualifié. Mais cela atténue l’horrible sensation de… comme Spirit l’avait dit, de les massacrer comme du bétail.
À l’autre bout de la ville, une voix profonde et vibrante s’élève subitement dans son esprit autant que dans ses oreilles, résonnante et… il n’y a pas d’autres morts pour ça… malfaisante. Une étrange créature ailée, aux pieds en forme de sabots, et cornes sur la tête apparait face à eux. En le voyant, le prince de Dragonia comprend immédiatement qu’il s’agit là d’un démon fidèle aux Ténèbres))
L’inconnu : Je t’attendais, jeune prince. Je suis Mal’Ganis, un puissant Nathrezim. Comme tu peux le voir, ton peuple est désormais le mien. Je vais transformer cette ville, maison après maison, jusqu’à ce que l’étincelle de la vie en soit soufflée à jamais
((Quelque chose de semblable à de la joie traverse Arthas. Ses actes étaient justifiés. Mal’Ganis était là, il était derrière le Fléau, et les hommes du prince, qui ont également entendu la voix, se tournent vers le démon qui dégage une aura verte malsaine. Se ressaisissant, Arthas s’exprime d’une voix forte et déterminée))
Arthas : Je ne te le permettrai jamais ! Mieux vaut pour ces gens de mourir de ma main que de te servir comme esclaves ! Nous allons en finir ici !
Mal’Ganis : Les mots d’un brave. Malheureusement pour toi, nous n’en finirons pas ici. Ton parcours vient seulement de commencer, jeune prince. Rassemble tes forces et rencontre-moi et mes adjoints dans les Terres Noires, c’est là que ta véritable destinée se révèlera
((Il lui adresse un dernier sourire moqueur avant d’ouvrir un portail noir et d’y disparaitre, laissant le prince et ses suivants derrière))
Arthas : Ma véritable destinée… ? Non ! Attends ! Grrr… Je te chasserai jusqu’au bout du monde s’il le faut, tu m’entends ? Jusqu’au bout du monde !
((Son avertissement prononcé avec colère et frustration résonne dans toute la ville, faisant se regarder entre eux les soldats qui le suivent…
Et voilà, la première partie de son périple touche à sa fin. L’armée réduisit Stratholme en cendres, et Arthas poursuivit peu après Mal’Ganis vers le Royaume des Ténèbres, avec Spirit qui cherchait à veiller sur son frère qui devenait de plus en plus sombre. Tout le monde à Dragonia l’avertit que c’était un piège, mais Arthas, n’écoutant pas, prit les troupes sans l’accord de son père et partit. Personne ne put arrêter le prince dans sa détermination à aller en terminer avec le mal qui avait fait du tort à son peuple…))