Chapitre 6 : L’avènement du seigneur des Ténèbres

((Arthas se frotte les tempes, ressassant les visions qu’il a eues. Jusqu'à présent, les communications avec Chaos ont toujours eu lieu uniquement via Ellemayne. Mais à l'instant où la douleur paralysante l’a frappé, Arthas a réellement revu pour la première fois depuis des siècles celui qu'il appelle ‘’oncle’’.
Chaos, sous forme draconique se trouve en plein dans le noir, sans aucune lueur à part des brumes grisâtres, emprisonné sans l’espoir de pouvoir s’échapper dans le Kingdom Hearts. Son regard, se voulant inquiet, fixe un point au loin, duquel s’échappe une froideur insoutenable, comme si un carreau d’une fenêtre a été brisée en plein hiver.
Chaos est parfaitement immobile et calme, mais sa voix débite et tranche l'esprit du chevalier de la mort tandis qu'il crie de douleur))
Chaos : Le danger approche du Trône des Ténèbres ! Le pouvoir décroît... Le temps est compté... Tu dois revenir immédiatement à la Citadelle ! Obéis !
((Ce dernier mot transperce Arthas comme une lance en pleines tripes. À chaque fois que cela arrive, Arthas se sent hébété et malade. La puissance qui afflue à travers lui comme le faisait l'adrénaline quand il était un simple dragon diminue, emportant avec elle plus que ce qu'elle a apporté à l’origine. Il est faible et vulnérable... quelque chose qu’il n’a jamais imaginé qu'il puisse arriver lorsqu’il a saisi Ellemayne pour la première fois et s’est éloigné de tout ce en quoi il a cru. Son visage est luisant de sueur alors qu’il se remet laborieusement debout après que la liche l’ait déposé sur une chaise dans leur campement avancé près de la ville de Dragonia.
Kel’Thuzad l’attend, flottant, ses robes voltigeant et son attitude générale parvenant à rayonner d’inquiétude))
Kel’Thuzad : Les crises s’empirent donc ?
((Arthas hésite. Doit-il faire entrer la liche dans la confidence ? Est-ce que Kel’Thuzad tenterait de lui ravir le pouvoir ? Non, décide-t-il. L'ancien nécromant ne l’a jamais laissé tomber. À chaque fois, il a été loyal à Arthas et à Chaos.
Le roi opine. Il se sent comme si sa tête allait se détacher à ce geste))
Arthas : Oui, avec mes pouvoirs épuisés, je peux à peine commander mes propres guerriers. Chaos m'a averti que si je n'atteignais pas la Citadelle rapidement, tout serait perdu. Je dois partir au plus vite
Kel’Thuzad : Bien sûr, Votre Majesté. Vous n'avez pas été et ne serez pas abandonné. Nous partirons dès que vous estimerez que vous...
La voix de Sabellian : Il y a un changement de plan, ‘’roi’’ Arthas. Tu ne vas nulle part
((Qu'il ne les a même pas sentis arriver est une preuve de l'affaiblissement de ses pouvoirs. Arthas les fixe, complètement pris par surprise tandis que les défenseurs de Dragonia lui font face
Alors que la liche allait s’exclamer, elle se retrouve piéger dans une prison magique. Arthas tire Éclat de l’Ombre. Pour la première fois depuis qu’il l’a touchée, qu’il s’est lié à l’épée, elle est lourde et presque sans vie entre ses mains. Les runes le long de la lame luisent à peine, et elle tient plus de la masse de métal que de l’arme magnifique, parfaitement équilibrée qu’elle a toujours été.
Les créatures de l’Ombre foncent sur lui, et pendant un bref instant, Arthas est projeté dans le passé, lors de son premier combat contre elles. Il se tient à l’extérieur de cette maison, les yeux luisants des ombres le fixant depuis le pas de la porte. Il a, depuis, passé outre toute horreur ou répugnance, même face aux morts. Ils sont devenus ses sujets, il les a purifiés de toute vie, pour servir la grande gloire de Chaos. Ce n’est pas qu’ils se déplacent, ou se battent, qui l’émeut, mais qu’ils se battent contre lui. Ils sont totalement sous le contrôle de ses ennemis, du moins c’est ce qu’on pourrait penser. Comment peuvent-ils commander les ombres, utiliser la force qu’il possédait encore il y a peu ? Il les repousse, une étrange sensation de dégout l’emplissant. Il ne s’est jamais attendu à ce qu’ils se retournent contre lui. La voix de Spirit venant de plus loin atteint alors Arthas))
Spirit : Tu n’aurais jamais dû revenir, mon frère. Affaibli comme tu l’es, nous allons facilement te vaincre ici et maintenant. Ton règne était court, ‘’roi’’ Arthas
((Il y en a tant, tant qu’il a autrefois dirigé et commandé sans effort, se retournant désormais implacablement contre lui. Il sait qu’ils sont décérébrés, qu’ils obéissent au plus fort. Et cependant… cela le blesse. Il les a créés…
Il s’affaiblit de plus en plus, et à un moment fut même incapable de bloquer un coup dirigé vers son thorax. L’épée émoussée claque sur son armure. Il ne souffre d’aucune blessure majeure, mais que la goule ait pu passer ses défenses l’inquiète))
Kel’Thuzad : Il y en a tant d'entre eux, mon roi ! Fuyez ! Évadez-vous de la cité ! Je trouverai un moyen de me libérer et vous retrouverai dans la plaine à l’est. C'est votre seule chance, mon suzerain !
((Il sait que la liche a raison. Avec un cri, Arthas charge, empoignant à deux mains une Ellemayne affaiblie et frappe, n’essayant plus de tuer ou même de blesser ses adversaires, car ils sont effectivement trop nombreux, mais simplement de se frayer un chemin à travers leur foule.
Le chasseur est devenu proie. Comment en est-il venu à cet instant, fuyant à travers les rues vides et ses propres créations, ses sujets, ceux qu’il a juré de protéger. Mais non, il les a massacrés. Trahi ses sujets pour le pouvoir qu’offre Chaos. Le pouvoir qui s’écoule désormais hors de lui comme d’une blessure qui ne peut être refermée. Des images de visages familiers surgissent alors. Feolthanos… Uther…
Il ferme son esprit à ces souvenirs. Être distrait ne lui sert à rien. Seule la vitesse et la ruse peuvent le sauver.
Les ruelles étroites limitent le nombre d’ennemis capables de le suivre, et il court ainsi jusqu’à la sortie est de la ville. Il court, trébuchant de faiblesse dans l’herbe humide. Arthas halète, laissant son royaume derrière. Le son de la bataille atteint alors ses oreilles et il regarde derrière lui, reprenant son souffle. Il vacille, désorienté. Les créatures de l’Ombre se battent les uns contre les autres…
Bien sûr, certains d’entre eux sont toujours sous son commandement, sont toujours ses sujets. Ses outils, ses armes, pas ses sujets.
Par sa force de volonté, il invoque encore et encore davantage d’entre eux, s’impliquant tellement qu’il respire en haletant bruyamment. Ils viennent. Ils servent celui qui est le plus puissant. Avec un rugissement, Arthas frappe ceux qui osent se tenir sur le chemin de la destinée qu’il a si chèrement acquis. Mais même alors que ceux à ses côtés s’accroissent en nombre, ceux qui l’attaquent en font de même. Faible, il est si faible, avec ces quelques ombres et morts pour le protéger. Il tremble et halète, soulevant autour de lui Ellemayne de ses bras qui deviennent de plus en plus las. La terre tremble et Arthas se retourne brusquement pour apercevoir les défenseurs de Dragonia approcher.
Sinistrement, il lève Éclat de l’Ombre. Lui, Arthas Menethil, roi de Dragonia, ne tombera pas sans combattre. Soudain, Arthas se souvient d’un détail important. Où est passé la banshee ?
La douleur refait à nouveau surface et il crie, se serrant la poitrine et se forçant à rester debout. La plaine verdoyante disparait, remplacée par les ténèbres de la prison de Chaos. Son message d’avertissement le poignarde en pleine tête et Arthas ravale un gémissement tandis qu’il se force à lever la tête.
Elle s’approche silencieusement depuis le côté des défenseurs, portant un arc. Pendant une folle seconde, il croit être de retour à Quel’Thalas, affrontant l’elfe de son vivant. Mais ses cheveux ne sont plus dorés, ils sont aussi noirs que la nuit avec des mèches blanches. Sa peau est pâle avec une teinte bleutée, et ses yeux luisent d’argent. C’est Sylvanas, et pourtant ce n’est pas elle. Cette Sylvanas n’est ni en vie, ni éthérée. D’une façon ou d’une autre, elle a récupéré son corps depuis là où il a ordonné qu’on le laisse, enfermé en sécurité dans un cercueil de fer afin d’être utilisé contre elle pour ajouter à sa torture. Mais elle a renversé les rôles.
Tandis qu’il se débat pour donner un sens à ce qui se passe en dépit de la douleur, Sylvanas lève son élégant arc noir, le bande, et vise. Ses lèvres se courbent en un sourire))
Sylvanas : Tu as marché droit dans mon piège, Arthas
((Elle lâche la flèche.
Elle s'empale dans son épaule gauche, transperçant son armure comme si elle était aussi fragile qu'un parchemin, ajoutant une nouvelle douleur horrible. Il est désorienté pendant un instant, Sylvanas est une archère expérimentée. Elle ne peut pas manquer un coup fatal à cette distance. Pourquoi l'épaule ? Sa main droite se leva par automatisme, mais il découvre qu'il ne peut même pas refermer ses doigts autour de la hampe. Ils deviennent gourds, tout comme ses pieds, ses jambes... Il peut à peine tourner la tête pour la regarder et crier d’une voix rauque tandis qu’elle sourit))
Arthas : Traitresse ! Que m’as-tu fait ?
Sylvanas : C’est une flèche empoisonnée que j’ai faite spécialement pour toi
((Elle s’approche de lui en glissant l’arc dans son dos et tirant une dague, la tâtant du doigt))
Sylvanas : La paralysie que tu connais maintenant n’est qu’une fraction de la douleur horrible que tu m’as causée
Arthas : Finis-moi, dans ce cas
Sylvanas : Une mort rapide… comme celle que tu m’as accordée ? Oh non. Tu m’as bien enseigné, Arthas. Tu m’as appris la sottise qu’est la pitié envers mes ennemis, et le grand plaisir que l’on a à les torturer. Et donc, mon tuteur, je vais te montrer comme j’ai bien appris ces leçons. Tu vas souffrir comme je l’ai fait, comme tant d’autres l’ont fait et le font encore. Grâce à ma flèche, tu ne peux pas fuir
((Ses yeux reflètent d’un rouge vif, tandis qu’elle s’avance jusqu’à ce qu’elle ne soit plus éloignée de lui que d’une longueur de bras.
Les yeux d’Arthas semblent être la seule chose qu’il peut bouger, et il la regarde, impuissant, tandis qu’elle lève la dague. Arthas voit sa mort arriver, paralysé et impuissant…
Sylvanas recule soudain, la main pâle qui serre la dague se tournant et s’ouvrant. Son visage exprime la surprise la plus complète. Un battement de cœur plus tard, un fantôme squelettique se matérialise, la fureur peinte sur le visage, l’énergie dans ses orbites crépitante))
Kel’Thuzad : Reculez, imbéciles ! Vous ne serez pas vaincu aujourd'hui, mon Roi !
((Kel’Thuzad, il est venu comme il l’a promis, trouvant Arthas au moment où il avait le plus besoin de lui. L’espoir s’élève en lui, mais il est toujours paralysé, toujours incapable de bouger. Il regarde le combat qui fait rage autour de lui, et en quelques instants, il est évident que les défenseurs perdaient du terrain. Kel’Thuzad se rend alors près d’Arthas en incantant un sort de téléportation
Sylvanas lui décoche un regard, et à nouveau ses yeux brillent d’un reflet rouge))
Sylvanas : Toujours à fuir, ordure. Mais ce n’est pas fini, Arthas ! Tu finiras par tomber !
((Ce sont les dernières paroles qu’entend Arthas avant de disparaitre dans les ombres…
Et réapparaitre tout à l’est de Dragonia, loin des combats et ennemis. La liche se hâte alors aux côtés d’Arthas, inquiet))
Kel’Thuzad : Vous a-t-elle blessé, mon suzerain ?
((Arthas ne peut que le fixer, la paralysie allant si loin qu'il ne peut pas même bouger les lèvres. Des mains osseuses se refermèrent avec une surprenante délicatesse autour de la flèche et tirent. Arthas refoule un cri de douleur quand la flèche est libérée. Son sang rouge est mélangé à une substance noire poisseuse, que Kel'Thuzad examine attentivement))
Kel’Thuzad : Les effets de sa flèche vont se dissiper rapidement. Il semble que le poison n'était destiné qu'à vous immobiliser. Et votre condition de dragon fera disparaitre les effets plus vite encore
Arthas : Merci… tu m’as sauvé
Kel’Thuzad : Je suis heureux d'avoir pu être utile, mon Roi. Mais vous devez vous hâter de quitter ces lieux, vers le Royaume des Ténèbres. Tous les préparatifs pour votre voyage ont été réalisés. Que désirez-vous de moi ?
Arthas : Je dois trouver Chaos au plus vite. La situation est critique et empire. Téléporte-moi près de la Citadelle
Kel’Thuzad : À vos ordres, mon Roi
((Sur ce, les deux disparaissent dans une nouvelle téléportation, laissant la bataille et les nombreuses troupes derrière eux…))

((Elle a désormais un corps, similaire à celui qu’il a autrefois été, bien que changé, comme elle-même a été changée. Sylvanas marche avec le même pas rapide que de son vivant, porte la même armure. Mais ce n’est pas le même corps. Elle est à jamais irrévocablement altérée. Tout en ignorant les charniers autour d’elle, elle rejoint le dirigeant du Vol Violet et ses conseillers. Son expression semble alerter ces derniers))
Spirit : Vous semblez troublée
Sylvanas : Ne le seriez-vous pas à ma place, à notre place ? Il y a peu encore, nous étions les esclaves des Ténèbres. Nous n’existions que pour massacrer en leur nom. Et maintenant, nous sommes… libres
((Elle regarde les autres morts libérés autour d’elle, qui acquiescent))
Neltharion : En effet, ce doit être…
Sylvanas : Horrible. Quelle joie trouver dans cette malédiction ? Nous sommes toujours des morts-vivants. Toujours des monstruosités… Que sommes-nous sinon des esclaves dans ce tourment ?
Spirit : C’est une condition de vie que je ne souhaite pas imaginer, encore moins expérimenter. Mais ne vous laissez pas abattre. Vous avez des personnes qui comptent sur vous. Ils comptent sur vous pour les guider. Laissez-nous nous occuper d’Arthas. Nous mettrons fin à son règne et vous vengerons. Nous vengerons tous les morts qu’il a fait…
((Sa voix se brise alors, et Sylvanas plisse les yeux, semblant comprendre à qui il pense))
Sylvanas : Lors de l’assaut de Quel’Thalas… il y avait une dragonne bleue parmi les défenseurs. Elle s’est jetée sur Arthas dans le but de nous sauver. Mais elle a succombé sous les coups d’Ellemayne
Spirit : Saphira… Ainsi donc tu as essayé de t’opposer à Arthas sans même m’en parler avant…
Sylvanas : Je suis désolée. Elle disait que vous aviez assez à faire, qu’elle voulait essayer de s’en charger
Spirit : Elle aurait dû être assez intelligente pour savoir que ce n’était pas possible seule…
Sylvanas : Je comprends votre douleur, j’ai perdu mon peuple et mon royaume. Désormais, nous sommes condamnés à errer dans Numenor sans but
Serinar : Vous devriez vous installer à Lordaeron, l’ancienne capitale humaine dans le Royaume de Forzalia. Suite au passage du Fléau pour se rendre à Dalaran, la ville est… inoccupée. Vous pourriez y bâtir un avenir pour votre nouveau peuple
Sylvanas : … Oui, vous avez sans doute raison. Les réprouvés doivent trouver leur propre voie dans ce monde, autrement nous sombrerons encore plus bas…
Spirit : Nous allons vous aider dans ce but
Sylvanas : Et nous, nous vous aiderons à détruire l’ennemi
Sartharion : Les troupes déjà envoyés sur place, dont Irion, nous attendent pour l’ultime assaut. Ne laissons pas le temps à l’ennemi de se regrouper. Profitons de leur défaite pour le surprendre
((Le roi de Dragonia acquiesce, tandis que les ordres fusent concernant la grande bataille à venir…))