Chapitre 5 : Prise de pouvoir des Ténèbres

((Quelque temps après, les forces des Ténèbres sont prêtes à passer à la troisième partie de leur plan. Chaos souhaite ouvrir un portail afin de permettre à Archimonde, l’un des bras-droits de Sargeras, d’entrer en Numenor. Pour que cela se fasse, Kel’Thuzad annonce avoir besoin d’un livre de sorts interdits, gardé par le Kirin Tor à Dalaran. Arthas ne cherche pas d’y aller par trois chemins et décide d’aller assiéger la cité magique et de récupérer le recueil. Son armée sera toutefois réduite de moitié, car une partie sera au même moment envoyée à Dragonia pour la mettre à feu…
Toujours dans le but d’agrandir son armée, Arthas fait débarquer ses troupes sur les côtes du Royaume de Forzalia avant de progresser vers l’est. Sur leur passage, les villages fermiers et la grande ville de Lordaeron tombent, ne laissant que peu de survivants. La marche funèbre descend ensuite vers le Royaume de Kizaria et les Montagnes d’Alterac, où se situe Dalaran, la cité magique. À l’intérieur de ses murs, les mages se préparent déjà au siège, après avoir vu leur arrivée grâce à des sorts de détection. Depuis la tour de la Citadelle Pourpre, Antonidas et Spirit regardent au loin, le raz-de-marée de morts déjà visible…))
Antonidas : Arthas va nous attaquer… Spirit, tu dois retourner à Dragonia. En tant que roi tu dois défendre ton peuple
Spirit : Je peux aider…
Antonidas : Non, tu as d’autres devoirs. Des devoirs que moi et Feolthanos, la Lumière apaise son âme… Avons tous deux esquivés. À cause de son refus d’écouter Uther, il a fini assassiné par son propre fils, et son royaume est en ruines, peuplé seulement par quelques survivants. Protège ceux dont tu as promis de t’occuper, un de plus ou un de moins ici ne fera pas la différence
Spirit : Antonidas…
((C’est encore si difficile à croire. Son propre frère responsable de la chute et la mort de tant de personnes, dont des personnes chères… Sa prière constante, silencieuse et connue de lui seul et de la Lumière pour qu’Arthas retrouve la raison est pour l’instant restée sans suite. Le revoir approcher à la tête de cette horrible armée pourrissante dégoute le jeune roi de Dragonia. depuis le sol, Arthas s’exprime alors d’une voix changée, lui donnant des frissons))
Arthas : Mages du Kirin Tor ! Je suis Arthas, serviteur du Dieu des Ténèbres ! Je vous demande d’ouvrir vos portes et de vous rendre face à la puissance du Fléau !
Spirit : Mon frère, que t’est-il donc arrivé… ?
Antonidas : Les Ténèbres ont toujours été de bonnes manipulatrices. Ton frère n’est qu’une de ses victimes. J’ai été aveugle, j’aurais dû y voir plus clair dès le début pour nous épargner tout cela. C’est à cause de notre refus de voir que nous en sommes là. À présent, nous devons tous vivre ou mourir avec nos décisions prises
Spirit : Laissez-moi rester, je peux…
Antonidas : Pars, protège ceux dont tu as promis de t’occuper. Un de plus ou de moins ici ne fera pas de différence. D’autres comptent sur toi désormais. Si tu tombes aujourd'hui, tout espoir sera perdu
Spirit : Mais…
((Sa voix se brise, tandis qu’il baisse la tête face à cette difficile décision d’abandonner la ville des mages à la ruine. Antonidas lui pose une main rassurante sur l’épaule en souriant, comprenant sa douleur mais déterminé. Dehors, la voix d’Arthas résonne à nouveau, forte, claire, frappant Spirit dans le ventre. Antonidas affiche à présent un regard de haine, avant de se détourner et marcher vers la balustrade de la fenêtre. De là, il s’adresse au prince déchu))
Antonidas : Bienvenue, pince Arthas ! Nous sommes préparés à votre armée. Mes camarades et moi avons érigé des auras qui détruiront tout mort-vivant qui les traversera
Arthas : Votre insignifiante magie ne m’arrêtera pas, Antonidas. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ce qui est arrivé à Quel’Danas
Antonidas : Oh, j’ai entendu, boucher. Rappelez vos troupes, ou nous serons forcés de déchainer tous nos pouvoirs contre vous ! Faites votre choix ‘’prince’’ !
((Il se retourne vers Spirit et lui ouvre un portail))
Antonidas : Spirit, tu dois partir. Je suis désolé de ne pas pouvoir t’offrir l’aide que tu es venu chercher
Spirit : … Je veillerai à ce que toutes les victimes soient vengées le temps venu
((Antonidas acquiesce d’un regard grave. Avec un soupir désolé, le nouveau roi de Dragonia emprunte le portail avant de disparaitre…
 
La première partie de la bataille est finie, et Arthas a eu ce pour quoi il est venu. Il a obtenu le livre de sort de Medivh, ce Gardien de Tirisfal à la puissance magique incroyable et qui a été corrompu par Sargeras. Il s’avère grand et curieusement lourd pour sa taille, couvert de cuir rouge et relié d’or. Sur sa couronne se trouve un corbeau noir exquisément ciselé, les ailes grandes ouvertes. Le livre est encore couvert du sang d’Antonidas. Il se demande si cela le rendrait plus puissant.
Il se trouve sur une colline surplombant Dalaran, dont les tours reflètent toujours la lumière et brillent dans des teintes d’or, de blanc et de violet, tandis que ses rues dégoulinent de sang. Nombre des mages l’ont combattu pendant des heures avant de se tenir désormais à ses côtés. La plupart d’entre eux sont trop sévèrement endommagés pour être utilisés autrement que comme munitions à envoyer aux attaquants, mais certains peuvent toujours être utiles, les compétences qu’ils ont possédé de leur vivant utilisées pour servir dans la mort le Seigneur des Ténèbres.
Kel’Thuzad agit comme un enfant le matin de Noël. Il feuillette les pages du livre de sorts de Medivh, captivé par son nouveau jouet, ce qui agace doucement Arthas))
Arthas : Le cercle de pouvoir a été préparé selon tes instructions, liche. Es-tu prêt à commencer l’invocation ?
Kel’Thuzad : Presque
((Des doigts squelettiques tournent une nouvelle page du livre))
Kel’Thuzad : Il y a tant à absorber. La connaissance des démons qu’avait Medivh est à elle seule stupéfiante. Je soupçonne qu’il a été bien plus puissant que quiconque ne l’a jamais soupçonné
((Un tourbillon vert noirâtre commence alors à se manifester quand Kel’Thuzad parle, et Tichondrius apparait quand il achève ses propos. L’irritation d’Arthas s’accroit quand le Seigneur de l’Effroi parle avec son arrogance habituelle))
Tichondrius : Pas assez puissant pour échapper à la mort, c’est certain. Disons simplement que ce qu’il a commencé, nous allons le finir… aujourd'hui. Que l’invocation commence
((Et tout aussi rapidement, il disparait à nouveau. Kel’Thuzad flotte dans le cercle. La zone est marquée par quatre petits obélisques. En leur centre, un cercle luisant de tracés ésotériques a été gravé. Kel’Thuzad prend le livre, et une fois qu’il a voleté en position, les lignes du cercle brillent d’une lueur violette vivante. Au même moment, il y a un crépitement, un grésillement et huit piliers de flammes jaillissent autour de lui. Kel’Thuzad repose son regard aux yeux luisants sur Arthas))
Kel’Thuzad : Ceux qui vivent encore à Dalaran seront capables de sentir le pouvoir de ce sort. Je ne dois pas être interrompu ou nous échouerons
Arthas : Je vais protéger tes os, liche
((Comme Kel’Thuzad l’a promis, il a été comparativement facile d’entrer dans Dalaran, de tuer ceux qui ont érigé des sorts spécifiquement contre eux, et de prendre ce pour quoi ils sont venus. Arthas a même été capable de tuer l’Archimage Antonidas. Et qui sait qui croisera sa route dans le futur…
L’attention du prince déchu est soudain attirée vers le présent. Les portes s’ouvrent. Les lèvres grises d’Arthas se courbent en un sourire. Auparavant, le Fléau a eu l’effet de surprise de son côté. Oui, de nombreux et puissants mages vivent à Dalaran. Mais il n’y a pas de milice entrainée, et tous les sorciers du Kirin Tor ne sont pas à Dalaran. Mais ils ont disposé de plusieurs heures, et ils n’ont pas chômé. Ils ont téléporté une armée.
Bien. Un combat sérieux est justement ce dont il a besoin pour ranger dans un coin de son esprit les pensées distrayantes à propos du futur et de ses prochains combats. Il lève Ellemayne, sentant son picotement dans sa main, entendant la douce voix de Chaos caresser ses pensées))
Arthas : Éclat de l’Ombre a faim. Apaisons son appétit
((Il pointe l’épée vers les défenseurs en armure de la formidable cité des mages. L’armée du Fléau rugit, la lamentation pleine de souffrance de Sylvanas s’élevant au-dessus de la cacophonie, accroissant d’autant plus le rictus d’Arthas. Même dans la mort, même si elle obéit à ses ordres, elle le provoque, et il savoure le fait de la forcer à attaquer ceux qu’elle aurait préféré défendre. Avec de l’élan, il bondit dans la bataille.
Certaines de ses affreuses troupes restent en arrière pour défendre Kel’Thuzad, mais la plupart accompagnent leur chef. Arthas reconnait la livrée de nombre de ceux que le Kirin Tor a téléportés pour défendre la cité. Ils ont autrefois été alliés, mais c’est du passé, aussi insignifiant pour lui que le temps qu’il a fait hier. Cela devient plus facile désormais, de ne rien ressentir d’autre que de la satisfaction tandis qu’Ellemayne, brillante et ne fait que chanter tandis qu’elle festoie les âmes, se lève et retombe, coupant à travers les plaques aussi facilement qu’à travers les chairs.
Après que soit tombée la première vague de soldats, relevés pour servir dans l’armée des Ténèbres ou abandonnés là où ils ont succombé s’ils ne sont d’aucune utilité, vient la seconde. Celle-ci compte des sorciers dans ses rangs, vêtus de robes violettes de Dalaran, brodées du symbole du grand Œil. Mais Arthas, lui aussi, a reçu des renforts. Les démons, semble-t-il, veulent protéger les leurs.
Des pierres géantes tombent du ciel en hurlant, laissant une trainée de feu vert bileux. La terre tremble là où elles chutent, et des cratères creusés par leur impact montrent ce qui ressemble à des golems de pierre, maintenus ensemble et dirigés par la répugnante énergie verte.
Arthas jette un regard par-dessus son épaule. Kel’Thuzad flotte, les bras écartés, sa tête cornue rejetée en arrière. De l’énergie crépite et le parcourt, et un orbe vert commence à se former. Puis brusquement, la liche baisse les bras et sort du cercle))
Kel’Thuzad : Venez, Seigneur Archimonde ! Entrez dans ce monde et laissez-nous nous réjouir de votre puissance !
((L’orbe vert palpite, croissant, s’agrandissant et luisant encore plus brillamment. Un pilier de feu s’élève soudain vers le ciel, puis des éclairs tombent en réponse à l’extérieur du cercle. Et alors, là où il n’y avait rien auparavant, se tient une silhouette grande, puissante, et d’une grâce dangereuse, qui n’appartient qu’à elle. Arthas accorde à nouveau son attention au champ de bataille. Une retraite a été sonnée, les mages ont enfin clairement vu ce qu’il se passait, et leurs troupes font demi-tour pour retourner se mettre à l’abri, temporairement suspecte Arthas, dans Dalaran. Tandis qu’ils fuient, une voix profonde sonne, retentit par-dessus les bruits de bataille))
Archimonde : Tremblez, mortels, et soyez frappés de désespoir ! La ruine s’abat sur ce monde !
((Arthas lève la main, et de ce simple geste fait s’arrêter et se retirer également la nuée du Fléau. Tandis qu’il rejoigne Kel’Thuzad, braquant tout du long son regard sur le seigneur démon géant, Tichondrius arrive en se téléportant. Comme d’habitude, après que tout danger a été écarté. Le Seigneur de l’Effroi effectue une révérence appuyée))
Tichondrius : Seigneur Archimonde, tous les préparatifs ont été réalisés
Archimonde : Très bien, Tichondrius. Puisque Chaos ne m’est plus d’aucune utilité, vous, Seigneurs de l’Effroi, commanderez à présent les Ténèbres
((Arthas est soudain reconnaissant pour toutes ces heures passées en méditation disciplinée. Cette discipline est la seule chose qui l’empêche de montrer sa surprise et sa fureur. Chaos n’est plus d’aucune utilité ? Pourquoi ? Et qu’allait-il lui arriver ?))
Archimonde : Bientôt, je donnerai l’ordre de commencer l’invasion. Mais d’abord, je vais faire un exemple de ces misérables mages… en broyant leur cité dans les cendres de l’histoire
((Il s’éloigne, son corps redressé, fier et impérieux, ses sabots retombent fermement à chaque pas, son armure luisant d’or, de rose et de lavande du crépuscule envahissant. À ses côtés, maintenant sa révérence, Tichondrius le suit à pas rapide. Arthas attend qu’ils soient à une certaine distance avant de se tourner enfin vers Kel’Thuzad et d’exploser))
Arthas : Ce ne peut qu’être une plaisanterie ! Et qu’advient-il de nous désormais ?
Kel’Thuzad : Sois patient, jeune chevalier de la mort. Chaos a prévu cela également. Tu as peut-être encore un rôle à jouer dans son grand plan
((Peut-être ? Arthas fait face au nécromancien, fulminant, mais il contient sa colère. Si quelqu’un, que ce soient les démons ou Chaos lui-même, pense un instant qu’Arthas est un outil qu’on peut utiliser puis abandonner, il leur montrerait bientôt la faille dans leur raisonnement. Il a trop fait… trop perdu, amputé trop de lui-même dans tout ceci pour être mis de côté. Cela ne peut pas avoir été en vain. Cela ne sera pas en vain.
La terre gronde. Arthas lève rapidement le regard vers la cité des mages. Les tours sont ravissantes à cette heure-ci, fières, splendides et scintillantes des teintes épaissies du crépuscule. Mais tandis qu’il regarde, il entend un sourd craquement. Le sommet de la plus grande, la plus belle tour de la cité tombe soudainement, lentement et inexorablement, tombant comme si toute la longueur de la tour a été empoignée par une main géante, invisible.
Le reste de la cité tombe rapidement, se fracassant et s’écroulant, le bruit de la destruction vrombissant fortement dans les oreilles d’Arthas. Il grimace à son intensité, mais ne détourne pas le regard.
Il a été à l’origine de la chute de Lune d’Argent. Il a dirigé le Fléau contre elle. Mais ceci, il y a de la tranquillité dans la destruction de Dalaran, de la désinvolture… Lune d’Argent a été un trophée durement gagné. Archimonde semble être capable de fracasser la plus formidable cité sans même être présent.
Arthas pense à Archimonde et Tichondrius. Il se gratte le menton, perdu dans ses pensées. Dans sa main, Ellemayne brille. Il savait ce qu’il devait faire, ce qu’il voulait faire, avant qu’il ne soit trop tard…))

((Kel’Thuzad, songe Arthas pendant qu’il attend au sommet de la colline celui dont on lui a assuré la venue, est une liche utile à avoir à disposition.
Il est totalement loyal à Chaos, au point de jouer de façon convaincante au caniche d’Archimonde et de Tichondrius en leur présence, si nécessaire pour servir Chaos en secret. Arthas a opté pour le silence, il ne fait pas confiance pour mentir de façon aussi convaincante que Kel’Thuzad. Les deux démons les ont jugés accessoires. Ils verront bien à quel point ils avaient tort. Ils ont inconsidérément laissé le livre de Medivh entre les mains osseuses de la liche. Dans cet ouvrage se trouvent également une magie et des sorts si puissants qu’Arthas savait qu’il ne serait jamais capable de comprendre totalement leur étendue))
Kel’Thuzad : La troisième partie du plan était le véritable complot de la Légion
((Arthas se rappelle ce que Kel’Thuzad lui a dit auparavant. Il y a d’abord eu l’extension du Fléau sur Numenor, puis l’invocation d’Archimonde. Il écoute alors avec un intense intérêt tandis que la liche continue))
Kel’Thuzad : La Légion n’a pas d’autres buts que de s’emparer de toute la magie et de dévorer toute vie sur ce monde. Et à cet effet, ils prévoient d’absorber les énergies puissantes concentrées, contenues dans le Puits d’Éternité des elfes. Afin d’effectuer une telle chose, ils doivent détruire la chose qui contient les plus pures, les plus véritables essences d’énergie vitale sur Numenor. Le nouveau Puits d’Éternité se trouve de l’autre côté de l’océan, sur le Continent Ouest. Et la chose qui va contrecarrer la Légion s’appelle Nordrassil… l’Arbre Monde. Il donne l’immortalité aux kaldorei, et ils lui sont lié
Arthas : Les kaldorei ? Les elfes de la nuit ? Les elfes originaires ?
Kel’Thuzad : Oui. Mais cela importe peu. Ce qui importe c’est qu’ils empêcheront la Légion d’atteindre leur but. Et pendant ce temps, nous allons nous occuper des Seigneurs de l’Effroi
Arthas : Ils doivent être à Dragonia à l’heure qu’il est, en plein assaut
Kel’Thuzad : Allons reprendre ce qui vous appartient de droit, Seigneur
((Cette idée plait à Arthas, qui acquiesce sans hésiter, ni peur de cette désobéissance. Sur ce, la liche incante un sort de téléportation de masse qui enveloppe toutes les troupes présentes et les fait disparaitre…
 
Quelques jours passent. À Dragonia, qui est toujours sous le siège des troupes de la Légion et du Fléau. Le Vol Violet se défend, mais perd du terrain, et s’est replié vers le bastion, dernier vrai lieu non conquis par l’ennemi.
Elle n’a plus rien de vivant. Pas plus qu’elle n’a les moyens de résister aux ordres de celui qui l’a amenée, hurlante, à cette nouvelle existence.
Mais Sylvanas Coursevent a son libre arbitre. D’une façon ou d’une autre, Arthas n’a pas brisé cela. Il l’a fait avec les autres, pourquoi semble-elle être la seule qui ne lui a pas complètement cédé ? Est-ce dû à sa propre force spirituelle, ou bien est-ce parce qu’il apprécie le fait de la torturer ? La banshee qu’elle est désormais ne le saura surement jamais. Mais si sa volonté est libre parce qu’Arthas trouve cela amusant, elle sera elle qui en rira la dernière.
C’est ce qu’elle se jure, et Sylvanas tient toujours ses promesses.
Le temps est passé dans le monde des vivants depuis qu’Arthas et le Fléau ont balayé sa patrie adorée. Et de nombreux évènements ont eu lieu.
Son soi-disant ‘’maitre’’ a protesté contre le fait d’être utilisé comme un pion. Lui et ce sac d’os arrogant en lévitation, Kel’Thuzad, le responsable de la corruption du glorieux Puits de Soleil, ont conspiré contre le Seigneur de l’Effroi Tichondrius et le Seigneur Démon Archimonde, que Kel’Thuzad lui-même a aidé à entrer en Numenor. Sylvanas y a porté une extrême attention, tout ce qu’Arthas rêve à propos de sa façon de penser et de combattre lui sera utile.
Il n’a pas tenté de tuer lui-même Tichondrius, comme il l’a tenté pour Mal’Ganis qui a depuis porté disparu. Oh non, l’astucieux ex-prince attend un bon moment pour envoyer ses fidèles faire le sale travail pour lui. Il attend juste un relâchement d’attention de la part du démon.
Pour ce qui est d’Archimonde… aussi puissant soit-il, capable de détruire Dalaran, la grande cité des mages, d’un simple mouvement de la main, va succomber face à la puissance de la vie qu’il est venu absorber. Sylvanas haït désormais les vivants avec la même intensité qu’elle a autrefois haï la Légion, et c’est donc avec des sentiments mitigés qu’elle apprend que le démon s’est fait bannir aussi rapidement qu’il est entré dans le monde. Les elfes de la nuit ont été prêts à sacrifier leur immortalité pour le vaincre. La puissance pure, concentrée de la nature ont détruit le démon de l’intérieur, et alors l’Arbre-monde a renoncé à ses vastes pouvoirs lors d’un cataclysme qui a déclenché une onde de choc massive. Et quand Archimonde a succombé, son squelette était tout ce qu’il en restait, et les tentatives de la Légion de prendre pied sur ce monde ont été déjouées.
Sylvanas sort de sa rêverie pour prêter attention au présent, tandis que le nom du démon que personne ne regrette atteint ses oreilles))
Detheroc : Cela fait des jours qu’on attend des ordres du seigneur Archimonde… Je commence à en avoir assez de surveiller ces morts-vivants pourrissants ! Qu’attendons-nous pour nous emparer du dernier avant-poste de ces dragons ridicules. Je n’en reviens toujours pas que c’était si simple de prendre la ville
Balnazzar : Nous avons été chargés de prendre la ville, et attendre qu’ils nous rejoignent pour briser le Vol. Ça prendra le temps que cela prendra, en attendant nous devons tenir nos positions
Varimathras : C’est bien vrai. Même si un ordre, où à tout le moins des informations sur la réussite d’Archimonde auraient déjà dû nous parvenir
((Sylvanas peut difficilement croire ce qu’elle vient d’entendre. Elle se tourne vers Kel’Thuzad. Elle le méprise, autant qu’elle méprise le chevalier de la mort qu’il semble servir si volontiers, mais elle cache efficacement son dégout))
Sylvanas : La Légion a été vaincue alors qu’elle venait juste d’arriver. Comment peuvent-ils ne pas le savoir ?
Kel’Thuzad : Impossible à dire. Mais plus longtemps ils resteront en charge du commandement, plus ils saboteront le Fléau. Si quelque chose n’est pas…
((Il est interrompu par un son que Sylvanas ne se serait jamais attendue à entendre ici. Le bruit d’armes s’entrechoquant et des sons de bataille. Les morts-vivants alentour se tournent vers le bruit et les démons grognent furieusement, instantanément alertes, leurs ailes noires membraneuses se dépliant.
Sylvanas écarquille légèrement ses yeux luisants, spectraux, quand Arthas lui-même émerge des combats. Ses cheveux blancs tombent librement autour de son pâle visage, et il arbore son sourire narquois et satisfait que méprise Sylvanas. Elle tente de serrer ses poings éthérés, mais le contrôle qu’il a sur elle est tel que ses doigts ne peuvent qu’émettre une brève convulsion. La voix d’Arthas est forte et joyeuse))
Arthas : Salutations, Seigneurs de l’Effroi
((Ils le fixent, levant la tête avec dédain face à son insolence))
Arthas : Je dois vous remercier de vous être occupés de mon royaume en mon absence. Cependant, je n’ai plus besoin de vos services
((Pendant une seconde, ils restent bouche bée. Puis Balnazzar s’en remet assez pour répondre))
Balnazzar : Ces terres sont à nous désormais. Le Fléau appartient à la Légion !
((Le sourire satisfait d’Arthas s’élargit à ces mots. Sa voix était chargée de jubilation))
Arthas : Ce n’est plus le cas, démon. Tes maitres ont été vaincus. La Légion est vaincue. Vos morts boucleront la boucle
((Souriant toujours d’un rictus, il lève Ellemayne. Les runes le long de la lame dansent et brillent. Il serre la poignée et charge le groupe de trois démons.
Les Seigneurs de l’Effroi sont plus rapides. Éclat de l’Ombre ne chante que de frustration tandis qu’elle frappe dans le vide. Les démons viennent de créer un portail et de disparaitre en sécurité. Arthas jette un regard mauvais sur le portail se refermant, mais sa bonne humeur revient rapidement. Sylvanas comprend que c’est parce qu’il se les gardait sur le pouce et que leur mort n’est sans doute qu’une question de temps.
Il lève le regard et surprend celui de Sylvanas, lui faisant signe d’approcher. Elle est forcée d’obéir. Kel’Thuzad ne nécessite aucune coercition, flottant joyeusement aux côtés de son maitre comme un chien fidèle))
Kel’Thuzad : Nous sommes ravis de vous revoir, Prince Arthas ! Avez-vous pu régler les choses avec Chaos ?
((Arthas accorde toutefois à peine un regard à son loyal serviteur. Celui-ci est fixé sur Sylvanas et il s’exprime sarcastiquement))
Arthas : Cela me réchauffe le cœur. Es-tu aussi heureuse de me revoir ?
Sylvanas : Oui, Ugh… prince Arthas
Arthas : Ah, mais tu t’adresseras désormais à moi comme à un roi. Ce sont, après tout, mes terres. Je suis né pour régner et c’est ce que je ferai, une fois mon frère…
((Il s’arrête net, respirant avec difficulté. Il écarquille les yeux et son visage se tord de douleur. Il se penche en avant, ses mains gantées se portant à sa poitrine. Un vif cri de douleur lui est arraché.
Sylvanas observe, savourant le plus grand plaisir qu’elle connait depuis cet effroyable jour où Quel’Thalas est tombé. Elle boit sa douleur comme un nectar. Elle n’a aucune idée de pourquoi il souffrait tant, mais elle en savoure chaque seconde.
Grognant, il lève la tête. Ses yeux observent quelque chose qu’elle ne peut voir, et il tend une main implorante vers celle-ci))
Arthas : La douleur… est insupportable. Qu’est-ce qui m’arrive ?
((Il semble écouter, comme si une voix inaudible lui répondait))
Kel’Thuzad : Roi Arthas ! Avez-vous besoin d’aide ?
((Arthas ne répond pas tout de suite. Il reprend son souffle en haletant, puis se redresse doucement, se calmant visiblement))
Arthas : Non… Non, la douleur est passée mais… mes pouvoirs… sont affaiblis
((Sa voix est chargée de perplexité. Sylvanas aurait-elle encore possédé d’un cœur, qu’il aurait bondi à ces mots))
Arthas : Quelque chose va terriblement mal. Je…
((La douleur reprend. Son corps est parcouru de spasmes, sa tête tombant en arrière tandis que sa bouche s’ouvrant dans un cri muet de douleur, les veines de son cou se tendant comme des cordes. Kel’Thuzad papillonne autour de son maitre adoré comme une nourrice maniaque. Sylvanas regarde simplement, délicatement, il se laisse tomber à genoux. Ses genouillères heurtent lourdement le sol. La liche tend une main squelettique pour aider le prince, non, le soi-disant roi, à se remettre sur pieds))
Arthas : J’ai besoin de me reposer un moment et puis j’aurai à me préparer pour le voyage vers la Citadelle des Ténèbres
((Sylvanas le regarde s’en aller, chancelant faiblement en direction du campement établi par le Fléau. Elle laisse ses lèvres se courber en un sourire, et ses doigts éthérés se convulsent un instant, puis se serrent en des poings furieux.
Les alentours du bastion de Dragonia sont étrangement calmes. De douces brumes virevoltent près de la terre humide. Sylvanas sait que si elle avait possédé des pieds physiques, elle l’aurait sentie douce et moelleuse sous ceux-ci, elle aurait respiré l’odeur riche et toujours verte de l’air humide. Mais elle ne sent rien, n’hume rien. Elle flotte, éthérée, vers le lieu de réunion. Et son impatience d’assister à celle-ci est telle qu’à cet instant elle ne regrette pas la perte de ses sens.
Arthas a pris plaisir à transformer en banshees les belles, fières femmes quel’dorei à la volonté de fer, après le ‘’succès’’ qu’elle a représenté. Il les a offertes à celle qui a été de son vivant leur générale des forestiers, pour qu’elle les contrôle et les commande, lui jetant un os à ronger comme si elle est une chienne fidèle. Il verra bientôt à quel point elle est un animal fidèle. Après avoir surpris la conversation des Seigneurs de l’Effroi tout à l’heure, elle a envoyé l’une des banshees pour leur parler et rassembler des informations.
La cour de Dragonia, reculée et piégée dans le bastion, a reçu son émissaire avec méfiance, et a demandé à sa maitresse de les rejoindre pour parler de quelque chose lié aux ‘’bénéfices mutuelles inhérents au statut actuel de la reine banshee’’.
Dans la salle du trône, Sylvanas rencontre donc le nouveau roi de Dragonia et ses conseillers. Effectivement, ils l’attendent avec méfiance et curiosité, prêts à entendre ce qu’elle a à dire))
Spirit : Dame Sylvanas, nous sommes ravis que vous soyez venue
Sylvanas : Comment aurai-je pu y manquer. Pour une certaine raison, je n’entends plus Chaos dans ma tête. J’ai à nouveau mon libre arbitre
((Elle l’a effectivement, et c’est uniquement grâce à sa volonté qu’elle chasse toute allégresse de sa voix. Elle ne souhaite pas qu’ils en apprennent plus que ce qu’elle voulait leur révéler))
Sylvanas : Vous, par contre, semblez savoir pourquoi
Spirit : Nous avons envoyé une expédition dans les Terres Noires afin d’attaquer le Trône des Ténèbres. Nous espérons qu’en l’endommageant, cela affecterait Chaos
Ferithos : Une autre théorie serait que la Légion punit Chaos pour sa désobéissance
Sylvanas : Et qu’en est-il du ‘’roi’’ Arthas ? Qu’en est-il de ses pouvoirs ?
Sartharion : S’il montre des signes de faiblesse comme vous nous l’avez dit, il devrait bientôt cesser de nous ennuyer. Bien que sa lame runique, Ellemayne, porte de puissants enchantements, les propres pouvoirs d’Arthas disparaitront avec le temps. C’est inévitable
((Sylvanas n’en est pourtant pas si certaine. Elle aussi a sous-estimé Arthas, et au côté de la froide haine qui habite son cœur, se trouve également la culpabilité de son propre rôle dans le victorieux bain de sang du chevalier de la mort))
Sylvanas : Vous souhaitez le renverser, et vous voulez mon aide pour le faire
Spirit : La Légion peut avoir été vaincue, mais nous sommes loin d’en avoir terminé avec les Ténèbres. Nous ne pouvons pas le laisser continuer. Arthas doit tomber
Myzerian : La question reste toutefois entière. Pouvons-nous te faire confiance ? Contrairement à la liche qui les suit comme un animal domestique, tu sembles prête à le trahir
Sylvanas : Je le hais. Nous sommes unis par le pragmatisme, dragon. J’ai mes propres raisons de chercher vengeance. Arthas a massacré mon peuple et m’a transformé en cette… monstruosité
((Elle s’arrête pendant un instant, le dégout à la fois d’Arthas et de ce qu’il a fait d’elle devenant si intense qu’il lui coupe la voix. Ils attendent, patientent, complaisants))
Sylvanas : Je peux prendre part à votre sanglante contre-attaque, mais je le ferai à ma manière
((Elle les veut comme alliés, comme eux la veulent, mais ils doivent savoir qu’elle ne sera pas un jouet))
Sylvanas : Je n’échangerai pas un maitre contre un autre. Si vous voulez mon aide, alors vous devez accepter ce point
Spirit : Nous ne cherchons pas à vous dominer, vous être libre. Nous le tuerons ensemble pour sauver Numenor
((Sylvanas acquiesce, et un lent sourire se glisse sur son visage fantomatique. Les jours d’Arthas sont comptés, et elle en sera le sablier…))