Chapitre 7 : Prélude à la septième guerre

((Le Royaume des Ténèbres, il y a là une étrange impression de retour à la maison. Tandis qu’ils apparaissent sur une colline non loin de la Citadelle, Arthas se rappelle sa première venue ici, le cœur empli de la douleur de la trahison d’Uther et de Spirit, souffrant de ce qu’il a été obligé de faire à Stratholme. Tant de choses ont eu lieu depuis, qu’il a l’impression qu’une vie entière s’est écoulée. Il est alors venu le cœur empli de vengeance, pour tuer le seigneur démon responsable de la transformation de son peuple en créatures des ombres. Désormais, il règne sur ces créatures et s’est allié à Kel’Thuzad. Étranges, ces coups de théâtres et revirements de fortune.
Il ne sent pas le froid, comme c’était déjà le cas à cette époque. Pas plus que les hommes qui l’ont suivi si loyalement. La mort engourdit ce genre de sensations. Seuls les nécromants mortels s’emmitouflent pour se protéger du vent glacé qui soupire et gémit, et contre la neige qui commence à tomber paresseusement en dérivant, tandis qu’ils observent la haute forteresse se dresser fièrement.
Arthas se déplace d’une démarche raide vers le bord de la colline. Il peut ne pas sentir le froid de ce lieu, mais ses pouvoirs et sa forme physique sont affaiblis. Arthas sent Chaos sous ses pieds. Pas dans son esprit, pas en train de lui parler à travers Ellemayne, bien que la faible lueur de la lame runique s’accroisse légèrement. Non, Arthas le sent ici, son maitre, comme il ne l’a encore jamais fait. Et il y a la sourde démangeaison d’une menace accrue.
Il se retourne vers le reste de ceux qui l’ont suivi et le suivent toujours, spectres, ombres, morts, vivants, et s’exprime d’une voix ferme))
Arthas : Nous devons nous hâter. Quelque chose ici menace Chaos. Nous devons rapidement atteindre la Citadelle
Un nécromant : Mon Seigneur !
((Arthas se retourne vivement en regardant dans la direction pointée du doigt. À travers le voile de la neige tombante, il peut voir des silhouettes de différentes couleur flotter dans l’air. Elles s’approchent, et ses yeux s’étrécissent de surprise et de rage quand il reconnait les créatures et comprend qui doivent être leurs maitres.
Il n’y a pas seulement des dragons, non, cela ne l’aurait pas ainsi surpris. Mais il y a également des faucon-dragons, ces montures volantes propres aux elfes. Cela l’étonne. Il a presque exterminé les haut-elfes. Comment se peut-il que suffisamment d’entre eux aient survécu pour se regrouper, et plus encore, déterminer où il est allé et l’affronter ici ? Un lent sourire se forme sur ses traits, et il sent se faufiler un sentiment de satisfaction. Les faucon-dragons s’approchent. Il lève Ellemayne dans un salut))
Arthas : Je dois admettre que je suis surpris de voir les quel’dorei ici. J’aurais pensé le froid trop désagréable pour un peuple si délicat
Un elfe : Arthas ! Je suis le prince Kael’Thas Haut-Soleil, successeur de mon père que tu as massacré avec froideur comme tant d’autres ! Tu ne vois aucun quel’dorei ici. Nous sommes à présent les sin’dorei, les elfes de sang ! Cette terre morte… sera nettoyée ! Les choses répugnantes que tu as créés reposeront enfin convenablement. Et toi, boucher, recevras ton juste châtiment ! Nous nous battrons aux côtés de tous ceux à qui tu as fait du tort !
((Le prince déchu est amusé pour un instant. Ainsi, son frère a rassemblé tous ceux qui ressentent de la haine envers lui pour augmenter ses chances de victoire. Et leur nombre n’est pas insignifiant. Arthas comprend qu’il est probable qu’il ait devant les yeux les derniers spécimens d’un peuple presque éteint. Et ils sont venus uniquement pour lui ? Alors sa suffisance se transforme en irritation. Malgré sa fatigue, la colère emplit sa voix lorsqu’il crie))
Arthas : Le Royaume des Ténèbres appartient au Fléau, elfes, et vous allez bientôt le rejoindre ! Vous avez fait une terrible erreur en venant ici !
((Davantage de faucon-dragons apparaissent, ainsi que des fantassins forestiers au sol, et des dragons, dont un qu’il reconnait bien. Irion… Il dévisage son ami un instant, avant que des flèches se mettent à voler depuis les cieux, apparemment aussi nombreuses que les flocons de neige, constellant les créatures de l’Ombre qui chargent vers les forestiers. La plupart d’entre ses fidèles ne succombent pas. La piqure des flèches, tant qu’elles ne transpercent pas un organe vital, ne les trouble pas du tout.
Arthas crie un ordre et charge. Ellemayne a faim, elle semble recueillir énergie et force, tout comme Arthas, à chacune des âmes vives, brillantes qu’elle absorbe. Au milieu des clameurs de la bataille, il entend une voix qui est aussi profonde et froide que le Royaume lui-même crier depuis une colline en surplomb. Des renforts sont arrivés))
Thalanar : Et avant pour le Fléau ! Massacrez-les au nom de Chaos !
((Les troupes laissées sur place, bien sûr ! Elles viennent se battre à l’appel de Chaos. Son cœur se soulève tandis qu’ils se déploient. Il peut deviner leurs silhouettes à travers la neige, les sorts lancés et les armes abattues fondent sur leurs proies. Arthas a cela à accorder aux sin’dorei, ils se battent vaillamment, mais ils sont désespérément en sous-effectifs, et bientôt Arthas se tient au milieu d’une mer de corps vêtus de rouge et d’or. Il lève la main, et un par un, les elfes morts se convulsent et titubent sur leurs pieds, le fixant de leurs yeux vitreux, attendant des ordres))
Arthas : Davantage de soldats pour celui que nous servons
Kel’Thuzad : Laissons-les s’occuper des gêneurs et gagnons la Citadelle sans plus attendre, mon Seigneur
((Arthas acquiesce et se détourne du champ de bataille. Mais une voix le hèle alors dans son dos, qui le fait se retourner et sourire narquoisement))
Arthas : Irion
((Le dragon, sous sa forme humaine, se tient à quelques mètres de lui, les particules de sa métamorphose encore rémanentes. Ses yeux noirs brillent d’une rage contenue, qu’Arthas ne lui reconnait pas. Pas la joie et l’amusement qu’il lui connait si bien, mais une fureur froide, enracinée. Il semble bien décidé à en finir avec lui))
Irion : Arthas…
((Il n’utilise pas de titre, comme à son habitude. Il l’a de toute évidence fait pour l’offenser, ou parce qu’il ne le considère plus comme son prince, mais Arthas s’en moque totalement. Il sait suffisamment qui il est, et bientôt, cet ancien ami le saura aussi))
Irion : Ainsi, c’est ce que tu es devenu. Un meurtrier et chien de Chaos
Arthas : Allons, ce n’est pas si mal. Tu peux toujours me rejoindre si tu veux, je te réserve une place d’honneur dans mon armée
Irion : Et marcher dans les pas de mon père et de mon meilleur ami ? Jamais. Je prends plutôt le risque de mourir ici aujourd'hui que de te jurer fidélité
Arthas : Quel dommage, mais c’est courageux de ta part, je dois le reconnaitre. Ce que tu affrontes ici n’est qu’une avant-garde. Ne t’inquiète pas, Irion, tu auras un beau défi sous peu. Dès que j’aurai atteint la Citadelle et embrassé les pouvoirs de Chaos pour de bon
Irion : Ainsi, tu veux donc aller jusque-là…
Arthas : Je n’en ai pas fini avec ce monde. Je viens à peine de commencer mon règne. Et vous serez tous mes sujets. À commencer par…
((La douleur est pire que jamais. Arthas s’effondre à genoux. Sa vision devient rouge. À nouveau, il voit les yeux luisants de Chaos dans les ténèbres de sa prison))
La voix de Chaos : (Hâte-toi ! Les ennemis approchent ! Notre temps est presque écoulé !)
Kel’Thuzad : Maitre ! Vous allez bien ?!
((Arthas cligne des yeux et se retrouve en train de fixer le visage, si l’on peut l’appeler ainsi, de la liche. Un bras squelettique est tendu vers lui, lui offrant assistance. Il hésite, mais il est trop faibli pour se relever de lui-même. S’endurcissant, il agrippe la main et se lève. Elle est dure et froide, et d’un contact presque… momifié. Il la relâche dès qu’il peut tenir debout par lui-même. Il prend une solide inspiration et jette un coup d’œil aux environs))
Arthas : Mes pouvoirs s’affaiblissent, mais je vais bien… Où est Irion ?
Kel’Thuzad : Parti. Il a utilisé sa magie pour se téléporter avant que nous ne puissions le tailler en pièces
Arthas : Tsss, le lâche… Mais cela nous est favorable. J’ai eu une nouvelle vision, Chaos est en péril imminent. Ils se rapprochent de lui, Spirit et les autres. Nous devons y aller
Kel’Thuzad : Je vais faire en sorte que vous atteignez les portes de la Citadelle à temps et sain et sauf, maitre
Arthas : Merci, liche
((Il tremble sévèrement et veut simplement s’asseoir et respirer l’air frais pendant quelques instants. L’air tourne rapidement à l’aigre de la puanteur pourrissante de sa propre armée. Kel’Thuzad le dépasse, s’arrêtant pour lui lancer un regard implacable pendant un instant. Arthas acquiesce. Les pouvoirs de Chaos s’affaiblissent et les pouvoirs de son serviteur en font de même, ainsi que son propre corps. S’ils deviennent suffisamment faibles… Non, cela n’arrivera pas jusque-là. Avec détermination, il se met en marche, en direction de la Cour des Ossements se situant plus au sud.
 
L’expédition à travers une neige épaisse et des vents furieux, à l’abri des combats, semble interminable. À un moment, Arthas est pris d’une faiblesse si soudaine qu’il perd presque conscience. Il revient à lui dans un sursaut, terrifié par sa déchéance, se forçant à rester debout. Il ne peut pas vaciller, pas maintenant.
Ils atteignent enfin les portes de Corp’Rethar, la Porte de l’Horreur, et Arthas voit enfin les marches menant aux portes de la Citadelle, ainsi que l’armée qui l’y attend. Son courage revient à la vue de tant de troupes rassemblées pour se battre pour lui et Chaos. Il avait donc gardé un ultime tour dans sa manche, et ils sont stoïques et prêts à se battre. Un peu plus loin cependant, il voit grouiller d’autres silhouettes. Il est trop loin pour les distinguer, mais il sait de qui il devait s’agir. Il va devoir les combattre pour atteindre Chaos))
Arthas : Nous sommes arrivés juste à temps. Les forces de Dragonia ont pris position près de la Citadelle et…
((Arthas crie lorsque la plus intense douleur qu’il ait jamais connue le frappe. À nouveau, le monde prend une teinte cramoisie tandis qu’une douleur atroce le tourmente. Désormais si proche de Chaos, le supplice qu’il partage avec la puissante entité est amplifié au centuple))
La voix de Chaos : (Te voilà enfin, mon neveu. Enfin. Il y a une fracture dans ma prison, le Kingdom Hearts, et mes forces en suintent. C’est pourquoi tes pouvoirs ont diminué. Je pensais que détruire la prison me libèrerait, mais à ce stade, cela ne fait que m’affaiblir)
Arthas : (Mais comment ? Est-ce que quelqu’un l’a attaquée ?)
La voix de Chaos : (C’est le prix à payer pour avoir désobéi aux ordres de la Légion, j’imagine. Et nos ennemis souhaitent également mon extermination. Ils comptent depuis longtemps déjà utiliser les Pierres du Dragon Noir et Armageddon à ce but. Nous devons les en empêcher avant qu’ils ne fassent une tentative. Pour cela, tu dois atteindre le Trône des Ténèbres. Dépêche-toi, je te donnerai toute la puissance dont je peux me passer)
((Le froid commence soudain à s’infiltrer dans Arthas, engourdissant la colère, la douleur pure, calmant ses pensées. L’énergie est si vaste, si entêtante… c’est plus puissant que tout ce qu’Arthas a connu auparavant. Ceci donc, est-ce pour quoi il est venu. Pour boire à la source du courant glacé, pour prendre en lui la froide force de Chaos et des Ténèbres. Il ouvre les yeux, et sa vision est claire. Les runes d’Éclat de l’Ombre flamboient d’une nouvelle vivacité, une brume glaciale en suite. D’un rictus féroce, il empoigne la lame et la lève bien haut. Quand il parle, sa voix est claire, forte et portée par l’air frais glacé. Puis il désigne ses ennemis au loin))
Arthas : J’ai eu une autre vision de Chaos. Il a restauré mes pouvoirs ! Je sais maintenant ce que je dois faire. Spirit et les dragons se sont suffisamment longtemps moqués du Fléau. Ils tentent d’entrer dans la salle du trône. Ils vont échouer. Il est temps de réveiller en eux la peur de la mort. Il est temps de finir ce jeu… une bonne fois pour toutes. Kel’Thuzad, je te confie les troupes, occupe les autres gêneurs, je m’occupe de Spirit et d’Irion
Kel’Thuzad : À vos ordres, Seigneur
((Avec un féroce cri de défi, Arthas fait tournoyer Ellemayne au-dessus de sa tête. Elle chante, affamée d’âmes supplémentaires.
Il se sent tel un dieu tandis qu’il frappe d’Éclat de l’Ombre avec une insouciante aisance. Chaque âme qu’elle prend le renforce. Les flèches et sorts ennemis les arrosent comme autant de flocons de neige. Ils tombent malgré tout comme du blé sous la faux, mais l’armée de l’Ombre ne faiblit pas. À un moment, Arthas jette un coup d’œil sur le champ de bataille. Où sont ceux qu’il doit tuer ? Il n’a encore vu aucun signe d’Irion ni de Spirit. Serait-il possible qu’ils aient déjà réussi à entrer dans le…))
Irion : Arthas ! Arthas, retourne-toi et combats-moi !
((Son ancien camarade n’est qu’à quelques mètres, son armure écailleuse maculée de sang faisait tache sur l’impitoyable blancheur de la neige sur laquelle ils se battent. Il se tient fièrement là, épée à la main et le fixant avec haine. La magie du Vol Noir grésillant autour de lui))
Irion : Tu n’iras pas plus loin, boucher
((Un muscle tressaillit près de l’œil d’Arthas. C’est également ainsi que Sylvanas l’a appelé. Celle qui à présent a échappé à son contrôle… Il adresse un sourire amusé au dragon avant de répliquer))
Arthas : Après que tu aies disparu de façon si lâche avant, je dois admettre que je suis surpris de revoir ton visage, Irion. Refoule ton fiel. Après tout, il te reste encore tant d’autres choses à apprécier dans ce monde. Oh, non, attends… c’est vrai, ton père a détruit ton Vol à peine né
Irion : Sois maudit jusqu’en enfer, Arthas. Ragnarok m’a pris tout à ce que je pouvais m’accrocher, m’a empli de culpabilité que je porterai en moi pour toujours, sans pouvoir espérer me racheter auprès des autres peuples. Je ne te laisserai pas marcher dans les mêmes pas que lui. Je t’arrêterai
((Il ne gaspille pas plus de temps à décharger sa colère et lève à la place son épée. Un battement de cœur plus tard, il fonce en flèche vers Arthas. Des coups pleuvent sur le chevalier de la mort. Irion est doué à l’épée, et plus rapide que quiconque Arthas a jamais rencontré. Peut-être le fait qu’il descende du Vol Noir, créé par Ragnarok, a un rôle à jouer sur le fait qu’Irion est si différent. Et c’est bien cette différence qui les a fait devenir de si bons amis.
Il a à peine le temps de relever Ellemayne pour dévier un globe enflammé lancé vers lui. Les éclats de glace qui suivent, par contre, sont plus faciles. Arthas frappe au-dessus de sa tête avec la grande lame runique, et elle attire sur sa lame les cristaux de glace comme de la limaille de fer vers un aimant. Souriant, Arthas fait tournoyer l’épée au-dessus de sa tête, renvoyant les morceaux de glace à leur expéditeur. Il a été surpris par la vitesse d’Irion, mais il ne fera plus cette erreur. Sur ce, il lance une provocation au dragon noir, qui le fusille du regard.
Il a besoin d’inciter son adversaire à agir imprudemment. Le contrôle de soi est la clé de la victoire pour chaque guerrier, et si Irion perd son calme, il perd également et indubitablement le combat. À cette idée, Arthas se prépare à charger vers son adversaire, mais à cet instant, la neige derrière lui brille d’un orange vif pendant un instant et puis se change en eau.
Arthas saute sur le côté, serrant Éclat de l’Ombre de sa main droite et avec une détermination renouvelée. Il tend la gauche. Une sombre boule d’énergie tournoyante se forme dans sa paume tendue et accélère vers Irion comme une flèche tirée d’un arc. Le dragon sous forme humaine se déplace pour contrer, mais l’attaque est trop rapide. Son visage devient un ton plus pâle et il trébuche, sa main se levant vers son cœur. Arthas sourit tandis qu’une partie de la vie de son ancien ami s’écoule en lui))
Arthas : Les Ténèbres, elles t’ont tout pris, elles ont…
Irion : Je te hais à présent. Nous étions amis. Tu m’as accepté alors que tu savais ce que mon père avait fait au monde. Tu ne m’as pas traité comme son rejeton corrompu comme d’autres. Tu ne t’es jamais méfié de moi. Et maintenant regarde ce que tu es toi-même devenu. Tu ne vaux pas mieux qu’eux. Tu n’es qu’un autre animal de compagnie de Sargeras
((La poitrine d’Arthas se contracte étrangement. Il comprend qu’Irion n’a pas tort quelque part. Il voulait toujours faire ce que son cœur lui dictait de faire, voulait toujours agir comme il l’entendait juste. Au final, il n’a que fait d’agir comme on le lui a ordonné…
Une énorme boule de feu crépitante explose contre sa poitrine, et Arthas crie quand il est projeté en arrière par le souffle. Des flammes lui lèchent le corps pendant de précieuses secondes avant qu’il ne retrouve suffisamment ses esprits pour contrecarrer le sort. L’armure l’a largement protégé, bien que sa chaleur contre sa peau soit une torture, mais il est frappé d’horreur d’avoir été à ce point pris par surprise. Une seconde boule de feu vient, mais cette fois il est prêt, accueillant sa salve enflammée avec sa propre glace mortelle))
Arthas : Ta ‘’patrie’’ inexistante a été détruite, ton père tué. Tu n’as plus rien, alors sombre dans le désespoir !
Irion : Hum, c’est marrant, j’ai l’impression que tu parles de toi-même, là
((Arthas charge, réduisant la distance entre eux en quelques foulées, et abaisse Ellemayne. Irion pare de sa lame. Pendant une seconde, son épée tient, puis se brise sous l’assaut d’Éclat de l’Ombre. Mais le délai a accordé suffisamment de temps à Irion pour faire apparaitre une autre épée dans ses mains, étincelante, une lame aux ornements peu communs. Les lames se heurtent. Les deux appuient, se tendant dans l’effort, la lame de chacun retenant l’autre tandis que les secondes s’écoulent. Irion a un rictus quand leurs regards se croisent))
Irion : Tu reconnais cette lame, n’est-ce pas ?
((C’est le cas. Il reconnait l’épée et connait son porteur originaire. Elle appartient à Feolthanos, son père, l’Aspect de la Force. Il la maniait depuis qu’il a été autorisé à se servir d’une vraie lame. Comment se fait-il qu’Irion la possédait ? Arthas lui retourne le petit sourire narquois. Peu importe. L’épée de son père va être témoin d’un autre évènement significatif, elle va voir la fin du ‘’Prince Noir’’.
Arthas est le plus fort physiquement, et l’énergie de Chaos déferle en lui. Avec un grognement enragé, il repousse Irion, espérant lui faire perdre son équilibre. Le guerrier récupère rapidement et danse presque en prenant une autre posture, brandissant la lame paternelle, ne quittant pas Arthas des yeux. Ce dernier commence à tourner autour d’Irion, cherchant l’instant où celui-ci sera vulnérable.
L’attaque vient soudainement. Un instant Irion se tient immobile, pris dans ses fanfaronnades, et l'instant suivant Arthas défend sa vie. Ellemayne émet un son métallique au contact de l’autre lame, qui tient bon. Arthas rend le coup, feinte, et ramène Éclat de l’Ombre dans un puissant coup de taille. Irion se jette hors du trajet de l'épée et se retourne vivement pour contre-attaquer avec une violence et une intensité qui surprend Arthas. Il est forcé de reculer, un pas, puis deux, et soudain il glisse et tombe. Grognant, Irion se jette sur lui, pensant infliger le coup de grâce. Mais Arthas se rappelle de son entraînement avec Uther, il y a longtemps, et la botte préférée du paladin lui revint soudain à l'esprit. Il replie complètement les jambes et en repousse Irion de toute sa force. Le dragon laisse échapper un grognement et est projeté en arrière dans la neige. Haletant, le chevalier de la mort bondit sur ses pieds, soupèse Ellemayne des deux nains, et la projette vers le bas.
L’épée de son père a trouvé le moyen d'être là. Les lames sont à nouveau pressées l'une contre l'autre. Les yeux d’Irion brûlent de haine. Mais Arthas est le meilleur en combat armé, le meilleur, avec la meilleure épée, malgré les vantardises d’Irion. Lentement, inexorablement, comme Arthas savait que cela devait arriver, Ellemayne descend vers la gorge dénudée d’Irion. Arthas crie, la fureur troublant sa vision pendant un instant, et pousse vers le bas de toutes ses forces. Dans la terre et la neige gelée… Irion a disparu))
Arthas : Lâche !
((Son adversaire s’est téléporté à la dernière seconde. La fureur explose en lui, menaçant d’obscurcir son jugement, et il la repousse. Il a été stupide de laisser Irion l’agacer ainsi. Son ancien camarade n’est pas mort, mais il est hors de son chemin et c’est ce qui compte. Il se tourne à nouveau vers les marches menant à l’entrée de la citadelle et charge vers elles et la salle du trône de son maitre.
Il se déplace à travers la foule de ses ennemis en train de prendre une raclée, comme s'ils étaient autant d'insectes. Quand ils tombent, il les réanime et les envoie contre les leurs. La vague de morts-vivants est implacable et imparable. La neige autour de la base de la citadelle est piétinée et gorgée de sang. Arthas regarde autour de lui, les dernières poches de résistance. Des défenseurs de Dragonia mais aucun signe de leur roi. Où est Spirit ?
Une rafale de mouvements rapides attire son regard et il se retourne. Il grogne dans un souffle. Un autre guerrier dragon. Celui-ci lui tourne le dos, ses longs cheveux noirs flottent au vent, sa posture se veut confiante, tandis qu’il tient une épée en main. Arthas leva Ellemayne.
La silhouette se tourne, lentement. Son visage trahit la haine, tandis qu’il montre ses dents, ce qui amuse Arthas))
Arthas : Mon cher petit frère. Où sont passées ton expression insouciante et ta gaieté ?
Spirit : Elles m’ont abandonné, à cause de toi. Tu as été trop loin, Arthas ! Mais je vais faire en sorte que cela finit ici et maintenant
Arthas : J’imagine qu’il est inutile de te dire que tu peux te rendre. Bien, qu’il en soit ainsi. Ce jour marquera la fin du Vol Violet. Tes troupes seront mises en pièces, ou bien intégrées à mon armée
((Il prépare Ellemayne. Ses runes brillent vivement, et une brume s’enroule autour de sa garde. Cela ne semble toutefois pas impressionner le jeune roi de Dragonia, qui lui fait toujours stoïquement face, observant sans bouger.
C’est finalement Arthas qui charge le premier. Éclat de l’Ombre brille et fredonne dans ses mains, désirant la mort de Spirit autant que lui. Le dragon ne semble pas du tout surpris par la brusque course, et lève son arme pour parer avec la plus extrême facilité. Ellemayne a brisé d’anciennes et puissantes épées par le passé, mais cette fois, elle claque simplement et grince contre le métal de la lame adverse.
Spirit lui accorde un petit sourire narquois pendant qu’il tient position. Arthas sent un frisson de malaise le traverser. Cela lui rappelle leur jeunesse. Ils s’affrontaient souvent amicalement dans le but de s’entrainer, supervisés par Uther qui corrigeait leurs gestes. Spirit semble s’en apercevoir et rit amèrement, puis pousse à pleine force. C’est Arthas qui est forcé de reculer déséquilibré, posant un genou à terre pour se défendre tandis que le dragon pèse sur lui))
Spirit : Il est doux d’inverser ainsi les rôles. Après tout ce que tu as commis, je te pensais plus fort après ta transformation en paria
((Arthas ne gaspille pas de souffle pour des insultes. Il grince des dents et se concentre pour lutter en retour des coups qui pleuvent sur lui. L’arme de son frère est un tourbillon de Lumière. Il peut sentir la puissance de la sainte énergie en rayonner, tout comme il sait que Spirit peut sentir les Ténèbres lugubres d’Ellemayne.
Spirit disparait soudain et Arthas titube en avant, son élan le déséquilibrant. Depuis quand son frère est-il si fort ? Il se retourne alors pour voir Spirit, battant de ses ailes à taille humaine, dans les airs. Ils s’observent l’un l’autre, Arthas reprenant son souffle. Il peut voir que la bataille prélève également son tribut sur son frère. De la sueur luit sur le front de celui-ci. Arthas se met en position, Ellemayne en garde prête à recevoir les attaques de Spirit lors du prochain assaut.
Puis Spirit fait quelque chose de complètement inattendu. Il lance sa lame dans les airs, la fait se multiplier en une dizaine d’épées rayonnantes et pointe la main vers lui))
Spirit : Contemple ma nouvelle attaque, mise au point spécialement pour toi, et savoure-la. Ce sera la dernière chose que tu verras, traitre
((Les mots sont destinés à déconcentrer le chevalier de la mort. Au lieu de cela, ils le revigorent. Spirit peut avoir acquis en force et savoir-faire, mais Arthas dispose d’un pouvoir bien plus grand. Et Ellemayne est liée à lui. Ce n’est pas tant une épée qu’une extension de lui-même. Il l’a su lorsqu’il a eu sa première vision à son sujet, quand il venait d’arriver sur les Terres Noires. Il a été certain du lien quand il a posé les yeux sur elle, l’attendant. Et désormais, il la sent se presser dans sa main, confirmant leur union.
Les lames saintes brillent dans les airs. Spirit tombe comme une pierre sur Arthas. Celui-ci crie et contre, ayant plus confiance en ce coup que dans n’importe lequel qu’il n’a jamais porté avec la lame runique, frappant de taille avec Ellemayne, dans un geste ascendant, par-dessous le dragon plongeant sur lui. Et comme il s’y attendait, il sent l’épée monter dans les chairs. Il tire, entaillant le torse de Spirit, et sent une profonde satisfaction lorsque son frère crie d’agonie.
Et cependant, celui-ci ne tombe pas. Les ailes de Spirit battent, irrégulièrement, parvenant cependant à le maintenir en l’air, et puis devant le regard choque d’Arthas, les épées se lancent à l’assaut, telles des têtes chercheuses.
Un cri est arraché de la gorge d’Arthas, tandis qu’il essaye de parer les projectiles, et il retombe à genoux. La sainte Lumière cisèle son armure, flétrit sa chair, et ternit même un instant la lueur bleutée d’Ellemayne. Par-dessus le cri de son propre tourment, il entend rire Spirit. À nouveau, la lumière flétrissante cascade à travers lui et Arthas tombe face la première, haletant. Mais tandis que la Lumière s’amenuit et qu’il voit Spirit descendre en piqué pour l’achever, il sent l’ancienne lame runique qu’il est parvenu à agripper, l’inciter à se reprendre. Ellemayne est sienne, et il est sien, et ainsi unis, ils sont invincibles.
À l’instant même où Spirit lève sa lame pour l’achever, Arthas lève Éclat de l’Ombre, la plongeant en avant de toutes ses forces. Il sent la lame toucher, transpercer les chairs, mordre en profondeur.
Spirit tombe lourdement sur le sol. Du sang jaillit de son torse, faisant fondre dans un lent sifflement la neige l’entourant. Sa poitrine se lève et s’affaisse, haletante. Sa lame lumineuse tant vantée est désormais inutile, projetée hors de sa poigne. Arthas se met sur ses pieds, son corps picotant encore de la Lumière sainte que Spirit a précipitée sur lui. Il l’observe un long moment, gravant le spectacle dans sa mémoire. Il songe à infliger le coup de grâce, mais décide de laisser le froid impitoyable faire le travail pour lui. Un besoin plus urgent brûle désormais en lui, et il se retourne, levant les yeux vers la Citadelle qui s’élève au-dessus de lui.
Il déglutit bruyamment et reste simplement immobile pendant un moment, sachant, tout en ignorant comme il l’a appris, que quelque chose est sur le point de fondamentalement changer. Puis il prend une profonde inspiration et entre dans la Citadelle.
Arthas se déplace presque hébété, descendant le long des couloirs zigzagants qui s’enfoncent toujours plus profondément dans les entrailles de la terre. Ses pieds semblent guidés, et bien qu’il n’y ait pas de bruit, et certainement personne pour remettre en cause son droit à être ici, il sent, plutôt qu'il entend, un profond vrombissement de puissance. Il continue de descendre, sentant cet appel du pouvoir l’attirer encore plus près de sa destinée.
Droit devant, en hauteur, se trouve une froide lumière violette. Arthas s'avance vers elle, se mettant presque à courir, et le tunnel s'ouvre sur ce qu'Arthas ne peut concevoir que comme une salle du trône. Juste devant lui se trouve une structure qui le laisse bouche-bée.
La prison de Chaos se trouve derrière ce trône de glace abandonné, cette flèche violette, chatoyante qui s’élève comme pour transpercer le plafond même de la caverne. Le Kingdom Hearts. Toujours empli de l'énergie accordée par Chaos, Arthas ne se sent pas fatigué après les combats, mais des souvenirs importuns semblent bourdonner autour de lui comme des mouches tandis qu'il s’approche du trône, plaçant un pied botté devant l'autre. Des mots, des phrases, des images lui revinrent))
La voix d’Uther du passé : Rappelle-toi, Arthas. Nous sommes des paladins. La vengeance ne peut faire partie de notre devoir. Si nous permettons à nos passions de se transformer en rage sanguinaire, alors nous deviendrons aussi abominables que les Ténèbres
La voix d’Uther du passé : Écoute-moi ! Nous ne savons pas combien de personnes sont touchées. Nous en savons si peu, nous ne pouvons pas les massacrer comme des animaux, motivés par notre seule peur !
La voix de Spirit du passé : Arthas, je t’en supplie. Laisse-la ici, perdue et oubliée. Oublie cette histoire et ramenons nos soldats chez nous ! On trouvera un autre moyen de sauver notre peuple !
((Alors que ces souvenirs le tiraillent, empoignant son cœur, il y a une image, une voix, qui est plus forte et plus irrésistible que les autres, chuchotante, qui l’encourage))
La voix de Chaos : Approche-toi, mon cher neveu. Le moment de la libération arrive… et avec celui-ci, ton accession à la véritable puissance
((Il s’approche davantage du trône. Sur le gros morceau de glace d’un bleu profond repose un heaume, fait de la même matière que son armure. Il le dévisage pendant un moment.
Ellemayne luit dans sa main. Arthas fait un pas en avant, puis un autre, avant de planter sa lame avec force dans le sol glacé, faisant retentir un claquement massif dans la salle tandis qu’elle s’enfonce dans le sol. Ses doigts gantés se referment sur le heaume orné de pointes et il le lève lentement, pieusement, et alors, fermant les yeux, il l’abaisse sur sa tête blanche.
Il se sent soudain galvanisé, son corps se tendant comme s’il sentait l’essence de Chaos entrer en lui. Elle lui perce le cœur, arrête sa respiration, frissonne dans ses veines, glacée, puissante, s’écrasant en lui comme un raz-de-marée. Ses yeux sont fermés, mais il voit, il voit tant de choses, tout ce que Chaos, a connu, tout ce qu’il a vu, a fait. Pendant un instant, Arthas craint d’être dépassé par tout ceci, qu’au final, Chaos ne l’ait seulement dupé en le faisant venir ici dans le seul but de placer son essence dans un tout nouveau corps. Il se prépare à une bataille pour son contrôle, avec son corps comme enjeu.
Mais il n’y a pas de lutte. Seulement un mélange, une fusion. Tout autour de lui, la caverne continue à s’effondrer. Arthas n’en est qu’à peine conscient. Ses yeux vont et viennent rapidement derrière ses paupières fermées. Ses lèvres bougent, il parle… Ils parlent))
Arthas/Chaos : Maintenant… nous ne faisons plus qu’un
((Voilà ce qui conclue cette Sixième Guerre Draconique, qui, au final, n’a été remportée par aucune partie, seulement suspendue et reportée à bien plus tard. À l’origine, les alliés auraient dû prendre la citadelle d’assaut bien plus tôt déjà. Mais suite à leur ‘’défaite’’ et au vu du grand nombre de blessés, dont Spirit, ils décidèrent de battre en retraite à Dragonia. Personne n’a pu prévoir les évènements qui allaient suivre…))